Non mais on se paie notre dette ou quoi ?
published onJ'ignore pourquoi cette question de l'argent me fascine tant. Je me souviens de la première déception que j'ai ressentie en lisant il y a 15 ans la "Philosophie de l'argent" de Georg Simmel, n'y comprenant rien parce que n'y trouvant pas ce que j'y cherchais.
Heureusement il y a eu le MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences x sociales), les délicieux ouvrages d'Alain Caillé qui m'ont réconcilié avec la portée philosophique latente que peut avoir cette question. En parlant du don, du contre-don et de la dette.
Mais c'est vraiment le "5 000 ans de dette" du regretté David Graeber qui est devenu une sorte de livre de chevet. Pour donner envie aux amis ou aux étudiants de s'y plonger j'aime bien dire que c'est un livre d'économie écrit parun anthropologue, ce qui a quand même plus d'intérêt qu'un livre d'économie écrit par un économiste...
Je me souviens aussi de la déception que j'avais eue en échangeant une fois au café avec le directeur d'une banque française, que je tiens en estime, mais qui n'avait aucune connaissance de la "réalité" du système bancaire. Il en était encore à l'idée que les dépôts des épargnants permettent les crédits auprès des emprunteurs. Pour le dédouaner, comme c'était La Nef, je pense qu'il était effectivement le seul banquier qui aurait pu prétendre appliquer cela...
A y regarder de plus près, ce qui me fascine dans la question de l'argent, c'est sa circulation. Avec ma déformation de physicien adepte de l'autre grande question métahysique qu'est l'énergie, je cherche inconsciemment à retrouver dans la finance des lois aussi élégantes que celles de la thermodynamique. Et en premier lieu la loi de la conservation. Le malicieux François Roddier s'y essaie !
Expérience : Soit une île déserte et étanche, et l'on décide de donner à chacun des 10 habitants 100 euros pour leurs échanges, j'aimerais qu'un siècle plus tard, une comptabilité puisse retrouver l'exacte somme de 1 000 euros au bilan !
Les journaux économiques reprennent sans réfléchir les annonces fracassantes de l'IIF qui sans rire possède une page dédiée au monitoring de la dette mondiale. "A qui appartient cette dette ?" demandent goguenards les gens sur Twitter ? Aux Venusiens ?
Il existe de nombreux ouvrages et d'excellentes vidéos sur le "mensonge" de la dette. Plutôt que de "mensonge", il vaudrait mieux parler de point aveugle ; tout le monde fait semblant de comprendre, mais personne n'y comprend rien. Sauf mon vulgarisateur préféré, le youtubeur Heu?reka. Sur la question actuelle de l'annulation de la dette, son épisode (1h30) est un bijou pédagogique.
Les revenus des uns sont les dépenses des autres. Les bénéfices des uns font les déficits des autres. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme... Alors, cette dette, c'est quoi ? Où est l'équilibre à l'échelle de notre grande île déserte qu'est le vaisseau Terre ?
Un détour du côté des trous noirs et du vide rempli de son vide
Le vide quantique possède une drôle de propriété qui semble violer les principes de conservation de l'énergie. La fluctuation quantique du vide permet en quelque sorte de prêter de l'énergie pendant une durée infime. Plus cette énergie est importante, plus le prêt est court. Ce phénomène permet ni plus ni moins que d'expliquer l'évaporation des trous noirs mais surtout... l'existence de l'Univers. Bah oui, car pour qu'il y ait de l'Être à partir du Néant, il a bien fallu que le Néant puisse un fugace instant accepeter de faire de l'Être...
Nous n'arriverons certainement jamais à répondre à la question métaphysique par excellence (pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?) Mais on doit bien pouvoir expliquer l'apparition de cette dette dont on ignore le créancier ! Parce que dans le second cas, l'avantage c'est que lesrègles sont décidées par nous.